Princesse Sara : je ne suis pas celle que vous croyez

Aujourd’hui, parait en librairie le 8e tome de Princesse Sara. C’est pour moi un événement. Nous avons déjà dû vendre autour de 120 000 albums de cette série. Et pour fêter ça, en plus d’avoir sélectionné la série pour les 48 heures de la BD, mon éditeur a eu une idée plaisante : faire un ex-libris croisé entre ma série et celle de Patricia Lyfoung, La Rose Écarlate. Nous avons le même public, après tout. En plus Nora Moretti (ma dessinatrice) a, dans une délicieuse initiative, pensé une image unique coupée en deux. C’est du joli travail.

EXLIBRIS
L’ex Libris, à gauche le travail de Nora qui s’est appropriée La Rose Ecarlate, à droite Patricia s’est emparée de Princesse Sara.

Mon entourage professionnel, qui n’a jamais lu cette série, la désigne par « tes histoires de filles ». Comme s’il n’était question que de jupons, amourettes insignifiantes et couleurs pastels. Rien de sérieux, donc. Des niaiseries pour tromper l’ennui d’une jeunesse frivole.

LAVINIAOn peut le penser d’autant plus facilement que Nora et moi avons grand soin de les multiplier, les jolies robes. Et puis on place des décors, des lumières, plaisir des yeux, tout ça. Nous avons une formidable coloriste, Marinia Duclos, qui ne ménage pas sa peine en ce sens -merci à elle. Nos lectrices en redemandent et nous avons à coeur de ne pas les décevoir.

Mais à présent, j’aimerais vous dire à quoi je pense quand j’écris cette série.

Quand je réfléchis à mon synopsis, je pense à toutes mes petites lectrices, les plus jeunes surtout. Je me dis que j’ai une certaine responsabilité, plus grande que je ne l’avais cru quand j’ai imaginé les premiers tomes, parce que mon héroïne est reliée directement à leur coeur. Elles m’en font parfois la confidence pendant les dédicaces, du haut de leurs 8, 10 ou 12 ans. Quoique je veuille, ma Princesse sera un de leurs modèles que j’espère nombreux.

Alors, je fais très attention à ce que j’écris.

Sara n’est pas une pauvre victime, gamine fragile qui erre de mésaventure en désastre en attendant de trouver l’homme qui la sauvera de son marasme. Sara est un jedi. Même au fond du trou, elle s’accroche à sa force et refuse de baisser les yeux. Évidemment, c’est Frances H. Burnett qui avait défini le personnage ainsi, faisant preuve d’un féminisme détonnant pour son époque (XIXe).

Mais nous avons fait évoluer ce personnage, nous l’avons fait grandir. Depuis le tome 5, Sara est une jeune femme qui dirige de main de maître sa fortune. Ingénieure en chef, bricoleuse d’automate de génie, elle cherche à diriger une entreprise. Et à l’arrivée, elle est la plus compétente pour ce poste. Bien qu’elle vive une histoire d’amour d’envergure, cette dernière n’est en rien son principal objectif et elle ne la laissera jamais se mettre en travers de son destin.

Lavinia a beaucoup à dire sur la question du mariage mais ne compte pas en sortir perdante.
Lavinia a beaucoup à dire sur la question du mariage mais ne compte pas en sortir perdante.

Depuis deux tomes, j’ai également ramené un personnage précieux, Lavinia, l’ancienne méchante. Alors qu’il aurait été simple de la planter en garce, puisque c’est le nom de ce stupide archétype, j’ai été enchantée de complexifier ce personnage qui incarne aujourd’hui à mes yeux la femme libérée par excellence, celle dont même Sara reçoit des leçons, elle qui est parfois d’une nature trop rangée. Lavinia évoque le slut-shaming et le renvoie dans les cordes. Lavinia n’a aucune envie de se marier et n’en voit pas l’utilité. Lavinia a un panache parfois un peu écrasant pour son entourage, tant il est vrai que l’air trop frais fait parfois tourner la tête.

Sara2

Le tome 8 est aujourd’hui dans les bacs et je réfléchis déjà au tome 9, en murissant mon propos. Je dois prendre garde au message délivré, moi-même j’évolue avec les années. J’espère être à la hauteur.

Mais une chose est sûre, je me sens tenue par une grande obligation, lorsque je vois sortir les Fifty Shades et compagnie qui enseignent aux jeunes cerveaux qu’il est sexy qu’un homme contrôle votre vie.

Tome 8. Meilleurs voeux de mariage

2 réponses à “Princesse Sara : je ne suis pas celle que vous croyez”

  1. Avatar de Audrey Alwett
    Audrey Alwett

    Mille pardons pour ce délai de réponse, j’ai dû vous repêcher dans mes spams !
    Nous avons poursuivi l’édition en petit format car le prix était tout simplement plus accessible pour les jeunes lectrices. Désolée pour tous ceux qui ont vu leur collection chamboulée ! Pour l’instant, la série est partie pour se poursuivre, merci pour tous vos compliments qui font chaud au coeur.
    L’art-book n’est pas vraiment au programme, mais j’espère que nous pourrons très prochainement publier une intégrale avec un beau cahier graphique à la clé. Bien sûr, nous tiendrons nos lecteurs au courant sur FB. Ici : https://www.facebook.com/princessesarabd/ ou là : https://www.facebook.com/AudreyAlwett/?ref=bookmarks

  2. Avatar de Savon

    plus je lis cette série, plus j’aime l’esprit qu’elle incarne. Bravo. J’ai tellement hâte de lire ce nouveau tome.