Avant juillet dernier, le milieu littéraire n’avait jamais entendu parler d’elle. Aurélie Valognes a publié son roman Mémé dans les orties sur la plate-forme Amazon. En quelques semaines, le buzz se fait et le livre ne quitte plus le top 100 des ventes. Aujourd’hui, Aurélie a vendu plus de 25 000 exemplaires en auto-édition et sera bientôt publiée chez Michel Lafon. Elle passe ainsi de l’édition indépendante à l’édition traditionnelle. L’illustration d’une tendance appelée à se généraliser ?
Tu es une nouvelle venue dans le milieu de la littérature, peux-tu te présenter en quelques mots ?
Tout d’abord merci Audrey pour l’opportunité que tu me donnes de me présenter à un plus large public.
Je suis jeune maman, j’ai 32 ans, je suis mariée et j’habite Milan. Mémé dans les orties est mon premier roman. Il a commencé sa belle aventure par l’auto-édition et continue maintenant grâce à l’édition traditionnelle. Pour moi, l’écriture est une passion depuis toujours mais je ne me suis lancée qu’à 30 ans, quand j’ai eu l’opportunité de tout changer : pays et travail. Je me suis donné le défi de commencer et finir ce projet personnel qui me tenait à cœur. Et aujourd’hui je suis ravie d’avoir osé prendre ce nouveau départ avec l’écriture. Je m’inspire du quotidien des gens normaux pour écrire des fables contemporaines, qui j’espère touchent les lecteurs.
Avant Mémé dans les orties, avais-tu écrit d’autres histoires, des nouvelles, peut-être ?
Mémé dans les orties est ma toute première histoire. Après Mémé, pour garder le rythme, j’ai écrit deux nouvelles, plus sombres. L’idée n’est pas de les partager. Il s’agit pour moi de sortir ce que j’ai sur le cœur ou dans la tête (qui n’est pas toujours rose) et qui m’empêche d’écrire les histoires positives qui me plaisent. Je note donc tout, tout le temps, sur des carnets.
Comment s’est passée l’écriture de ton roman ?
Dans l’élaboration de Mémé dans les orties, il y a eu deux phases. Tout d’abord, la mise en place mentale de l’histoire, des personnages, des rebondissements. Quand tout est clair dans ma tête, je capture ces éléments sur des fiches : par personnage, par chapitre. C’est seulement quand ce travail préparatoire est complété que j’entre alors dans la phase d’écriture. Commence alors un marathon : une routine stricte de minimum 4 heures par jour (9h-13h) à écrire sans pause, chapitre, après chapitre. Pas forcément dans l’ordre, d’ailleurs. Je me laisse influencer par mes émotions du jour : me laisser cette liberté me rassure quant à ma peur de la page blanche.
Au final, l’écriture a été rapide : quatre mois devant l’ordinateur. Mais, pour la première fois, j’ai été confrontée à la solitude. Chaque jour, seule, avec ses doutes, ses questions, sans avoir personne avec qui en discuter. Je n’avais pas annoncé à mon entourage ce nouveau projet. J’avais trop peur de ne pas être capable d’aller jusqu’au bout.
Et quand au bout de 4 mois le roman fut fini, je n’étais pas satisfaite. Quelque chose n’allait pas, ce n’était pas exactement ce que je voulais. Et m’est venue l’idée de changer de narrateur pour donner bien plus d’émotions, et moins d’humour. J’ai donc commencé à tout réécrire en changeant de point de vue narratif. Celui de Juliette . Bien évidemment, plus de la moitié du livre devait être jeté car ce nouveau narrateur ne pouvait pas connaitre la moitié des scènes. C’était franchement déprimant. Finalement, au bout de 2 mois, je me suis rendue compte que je m’éloignais complètement de mon idée de départ, du synopsis que j’avais écrit au tout début du projet, et que le livre que je voulais était déjà sous mes yeux, avec seuls quelques petits changements à apporter.
Plus de 25 000 exemplaires vendus, pour un coup d’essai, c’est un coup de maître… Pourquoi être passée par l’auto-édition ? Et pourquoi avoir privilégié la plate-forme Amazon, au détriment de toutes les autres ?
Je n’avais jamais pensé être lue, appréciée, encore moins par autant de personnes. Le bouche à oreille positif, qui fait le succès du livre, me dépasse complètement. J’espérais en vendre 100. J’en suis à 25,000 exemplaires. Je n’arrive pas à y croire ! Au départ, j’ai mis le roman sur la plateforme d’auto-publication pour avoir un avis neutre. Seuls mon mari et ma meilleure amie avaient lu le roman, une fois achevé, et ils avaient tous deux été très/trop positifs. Je voulais vérifier qu’ils me disaient cela pas seulement pour me faire plaisir.
Après un succès presque immédiat, tu as été approchée par beaucoup d’éditeurs traditionnels. Mémé dans les Orties paraîtra au printemps chez l’un d’eux…
Je viens de signer aujourd’hui le BAT (NLDR : bon à tirer) de Mémé dans les orties et je suis très fière de cette dernière version, qui sortira le 15 mai prochain en librairie et sur les plateformes numériques. Autre très bonne nouvelle: Mémé est en cours de traduction anglaise pour une sortie prévue aux Etats-Unis en fin d’année. J’espère avoir un aussi beau parcours que le Heart Collector de Jacques Vandroux. Je suis de près la traduction qui est difficile avec les différentes expressions franchouillardes du roman. Je suis à la fois très impressionnée et excitée à l’idée d’une aventure américaine pour Ferdinand.
Pour moi, la comparaison serait plutôt autoédition versus édition traditionnelle. De mon expérience avec l’autoédition, je n’ai eu que du positif : facilité d’utilisation, transparence quant au suivi des ventes, totale liberté. Il ne m’avait manqué que le support littéraire (relecture ou conseils) dont je bénéficie maintenant avec mon éditeur traditionnel. Je rejoins Laurent Bettoni sur la nécessité d’accompagner les jeunes auteurs, pas seulement sur le plan marketing, mais surtout sur la qualité du contenu : c’est, selon moi, la clé de la réussite, ce qui permet d’engendrer le fameux bouche à oreille. Concernant l’édition traditionnelle, j’ai encore assez peu de recul, mon livre n’étant pas encore officiellement publié par Michel Lafon. J’en saurai plus une fois le plan de lancement finalisé et activé, une fois le livre présenté au grand public et surtout, à partir du moment où l’on pourra le trouver dans toutes les librairies de France.
Eh bien, justement, il arrive dans l’heure ! Merci beaucoup pour votre suivi.