Profession de foi

Comme beaucoup d’athées, j’ai la foi. Pas en un dieu, des anges ou des fées, mais en l’homme. La plupart du temps, ça me demande une énergie considérable. Mais pas en ce moment, où un peuple se blottit dans sa propre chaleur et se donne consolation.

Comme beaucoup d’athées, je suis touchée par le sacré. Pas au nom d’un unique livre ou de quelques règles absurdes que plus personne ne comprend. Mais le sacré à son origine, avant qu’il ne soit détourné… Une mère qui confie la vie de son enfant à une autre mère, sans échanger un mot. La porte qui s’ouvre pour abriter ceux qu’il faut protéger, même s’ils apportent le danger. Plusieurs millions qui se lèvent pour dire qu’ils n’ont pas peur, pour dire qu’ils sont unis.

Bien sûr, il y en a quelques uns qui ne sont pas Charlie, mais au fond, ça n’est pas très important, puisque nous sommes déjà légions.

Bien sûr, le combat ne fait que commencer, il faudra convaincre, il faudra avancer. Mais aujourd’hui prenons la mesure de notre humanité, et puisons-y des forces.

D’habitude, je n’aime pas les foules, je n’aime pas les rassemblements. Il y en a toujours un qui dit une connerie, ou l’autre qui beugle sa haine. D’ailleurs, je suis agoraphobe. Mais pour la première fois, je me suis sentie au chaud dans une foule sans agressivité ni revendication, si ce n’est celle d’être debout. Comme beaucoup, je me suis sentie connectée à notre humanité.

La place de la Bastille le dimanche 11 janvier 2015, photo de Martin Argyroglo

La place de la Bastille le dimanche 11 janvier 2015, photo de Martin Argyroglo

Maintenant, comme chacun, je reprends le fil de ma vie. Mais je me sens dépositaire d’une responsabilité et comme beaucoup, il faudra bien un jour que j’en fasse quelque chose…

Et en tant qu’athée, je goûte assez l’ironie de publier cette déclaration qui a de forts accents de prêche…